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Navigation dans la contamination microbienne aéroportée, hydrique et endogène des tissus végétaux : défis et stratégies d'atténuation

La contamination aéroportée implique des agents microbiens transportés par les courants d’air. Ces pathogènes peuvent atteindre les surfaces foliaires, les fleurs, ou pénétrer par des ouvertures naturelles comme les stomates ou les lenticelles.

Pathogènes impliqués

Champignons 
 Botrytis cinerea, Puccinia spp., Alternaria spp.

 

Bactéries 
 Pseudomonas syringae, Xanthomonas campestris
Virus  
Virus propagés par insectes volants (ex. : Tomato yellow leaf curl virus via les aleurodes)

Mécanismes biologiques 

  • Production de spores résistantes à la dessiccation et aux UV
  • Libération de molécules d’adhésion pour coloniser l’épiderme
  • Sécrétion d’enzymes de dégradation de la paroi (cutinases, cellulases)



Voies d'entrée dans les tissus végétaux

Une fois déposés sur les surfaces végétales, les microbes peuvent pénétrer via :

  • Les stomates (ouvertures naturelles sur les feuilles)
  • Les lenticelles (pores des tiges)
  • Les blessures (mécaniques, insectes, fissures)
  • La cuticule : certains champignons sécrètent des enzymes de dégradation (cutinases, pectinases) pour franchir la barrière externe

Réactions biologiques des plantes hôtes

Les plantes activent plusieurs mécanismes de défense dès la détection d’un pathogène :

  • Reconnaissance moléculaire par des récepteurs de surface (PRRs) des motifs microbiens (MAMPs)
  • Réponse locale : production de composés antimicrobiens, ROS (espèces réactives de l’oxygène), renforcement de la paroi cellulaire
  • Réponse systémique : déclenchement d’une résistance systémique acquise (SAR) à l’échelle de toute la plante
  • Fermeture des stomates pour empêcher l’entrée

Stratégies d’atténuation de la contamination aéroportée

Outils technologiques 

  • Capteurs d’aérosols biologiques pour détecter les spores en temps réel
  • Surveillance par PCR environnementale ou par imagerie multispectrale
  • Application préventive de biocontrôle (ex. : Bacillus subtilis, Trichoderma spp.)

Bonnes pratiques 

  • Contrôle de la ventilation et de l’humidité dans les serres
  • Espacement des cultures pour limiter la transmission directe
  • Rotation des cultures et élimination des résidus infectés

Approches biologiques durables 

  • Développement de plantes résistantes par sélection ou édition génomique
  • Renforcement du microbiote épiphytique pour exclure les agents pathogènes
  • Usage d’éliciteurs naturels pour stimuler les défenses des plantes avant infection

Sources de contamination hydrique

Les agents microbiens peuvent contaminer l’eau d’irrigation à différentes étapes :

  • Captage de l’eau brute (rivières, nappes, réservoirs ouverts)
  • Stockage dans des citernes ou bassins non désinfectés
  • Canalisations ou systèmes d’irrigation mal entretenus
  • Recyclage des eaux de drainage (dans les cultures hors-sol)

Agents microbiens concernés

Oomycètes et champignons hydrophiles 

Pythium spp.  provoque la fonte des semis et la pourriture racinaire

Phytophthora infestans pathogène majeur de la pomme de terre

Rhizoctonia solani présent dans les sols humides et saturés

Bactéries 

Ralstonia solanacearum  pénètre par les racines et colonise le xylème

Erwinia amylovora agent du feu bactérien, transporté par les éclaboussures

Xanthomonas spp. infecte via les gouttelettes sur les feuilles

Virus 

Certains virus comme le Tomato mosaic virus (ToMV) peuvent survivre dans l’eau et contaminer par simple contact

Voies d'infection dans les plantes

L’eau contaminée peut infecter la plante de différentes manières :

  • Absorption par les racines : les agents pénètrent via les poils absorbants ou les zones blessées
  • Contact foliaire : irrigation par aspersion ou pluie contaminée peut infecter les feuilles
  • Système vasculaire : certains agents comme Ralstonia ou Xylella pénètrent dans le xylème et se déplacent dans toute la plante

Réponses biologiques de la plante

  • Production de composés antimicrobiens (phytoalexines, enzymes hydrolases)
  • Formation de structures de défense : tyloses dans les vaisseaux, lignification
  • Activation des voies de signalisation hormonale (acide jasmonique, salicylique)
  • En cas d’invasion systémique, induction de la mort cellulaire programmée (HR)

Stratégies d’atténuation des risques liés à l’eau

Surveillance et traitement de l’eau :

  • Analyses microbiologiques régulières (tests culturels, PCR, turbidité)
  • Traitement de l’eau d’irrigation :
    • UV : efficace contre bactéries et virus
    • Ozone : puissant oxydant
    • Chloration douce ou acide peracétique en usage contrôlé

Gestion des systèmes d'irrigation :

  • Nettoyage et désinfection des conduites et buses
  • Préférer l’irrigation au goutte-à-goutte pour limiter le contact avec le feuillage
  • Éviter la réutilisation d’eaux de drainage sans traitement

 Solutions biologiques :

  • Introduction de microbiotes protecteurs (bactéries bénéfiques qui occupent la niche racinaire)
  • Utilisation de champignons mycorhiziens pour renforcer la barrière racinaire
  • Choix de variétés tolérantes ou résistantes aux agents hydriques

Contamination endogène : les microbes internes aux tissus végétaux

La contamination endogène fait référence à la présence de microorganismes vivant à l’intérieur des tissus végétaux, souvent sans symptômes visibles au départ. Ces microbes internes  champignons, bactéries, parfois virus  peuvent être pathogènes, opportunistes ou endophytes. Leur activité est étroitement liée aux processus biologiques des plantes, à leur immunité, et à l’environnement. Contrairement aux contaminations externes, ils colonisent des zones profondes : racines, tiges, feuilles, vaisseaux de conduction (xylème, phloème) ou même les graines.

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Approche intégrée et innovations biologiques

Une stratégie efficace repose sur une vision systémique et intégrée, combinant la compréhension biologique avec l’innovation technique

1

Outils biologiques modernes 

  • PCR en temps réel, qPCR, séquençage métagénomique
  • Utilisation de biomarqueurs moléculaires pour la détection précoce
  • Biosenseurs microbiens vivants intégrés dans les substrats ou les feuilles


2

Biotechnologies végétales 

  • Création de variétés résistantes par sélection assistée par marqueurs (MAS)
  • Biocontrôle par bactéries ou champignons antagonistes (ex. Trichoderma, Bacillus subtilis)
  • Induction d’immunité systémique par éliciteurs naturels ou moléculaires


3

Bonnes pratiques agricoles 

  • Hygiène du matériel végétal, de l’eau et des outils
  • Rotation culturale et diversification variétale
  • Surveillance environnementale par capteurs connectés et modélisation IA